Hello,
JâespĂšre que tu vas bien !
Cette Ă©dition de Community Centric tâest envoyĂ©e depuis le chĂąteau du FeĂż, un lieu cachĂ© dans lâYonne, qui hĂ©berge depuis quelques mois une communautĂ© utopiste et intentionnelle dâentrepreneurs, activistes, militants et artistes de tous horizons.
Jây expĂ©rimente une semaine dĂ©diĂ©e au mouvement et Ă la danse, pour essayer de sortir (momentanĂ©ment) de la tĂȘte et rentrer (tant que peut se faire) dans le corps. Une expĂ©rience aussi intĂ©ressante et challengeante !
Mais retournons Ă nos moutons - cette semaine, jâai souhaitĂ© donner la parole Ă un Community Builder inspirant et talentueux, qui a sillonnĂ© lâEurope pour rĂ©pondre Ă une question simple : comment (re)crĂ©er du lien dans une sociĂ©tĂ© caractĂ©risĂ©e par la polarisation et la fragmentation ? Comment faire tribu et mettre le pouvoir du collectif au service de chacun ?
Ce Community Builder, câest Hugo Paul. Non content dâĂȘtre une source dâinspiration depuis plusieurs annĂ©es, câest aussi un ami prĂ©cieux avec qui jâĂ©change des idĂ©es et je partage des moments de vie. Et dâici quelques jours, Hugo sâapprĂȘte Ă passer un cap : il publie son livre, Faire Tribu, et dĂ©jĂ dispo en prĂ©-commande (le lien est ci-dessous) âš
CâĂ©tait donc tout Ă fait logique que je lui confie les manettes de cette Ă©dition, pour quâil te partage certains de ses grands apprentissages sur lâart de tisser des liens solides pour crĂ©er du commun.
Bonne lecture !
Noémie
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Le case study : comment faire tribu ? 3 conseils partagés par Hugo Paul
La veille du Community Builder : des articles glanĂ©s pour toi et les actus de la planĂšte communautĂ©s đȘ
Hello cher.e lecteur.ice de Community Centric,
JâespĂšre que tu vas bien !
Merci Ă NoĂ©mie de mâouvrir cet espace pour te glisser quelques pĂ©pites issues de mes explorations autour de lâanimation de communautĂ©.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, quelques mots sur moi. Je mâappelle Hugo, jâai 26 ans, et mon mĂ©tier â ou plutĂŽt ma passion â câest dâexplorer des collectifs hors du commun pour Ă©tudier leurs dynamiques collectives et partager cet art subtil quâest lâanimation de communautĂ©.
Cette exploration mâa conduit dans des lieux inattendus : dâun monastĂšre millĂ©naire aux traditions des Samis, dernier peuple autochtone dâEurope, en passant par une Ă©cole nichĂ©e au cĆur de la forĂȘt.
Si je devais rĂ©sumer cette aventure, je dirais que câest une vĂ©ritable Ă©cole de la vie pour tout community builder.
Et aujourdâhui, aprĂšs plus dâun an dâexploration, je suis heureux dâannoncer la sortie de mon livre, Faire Tribu, qui rassemble tout ce que jâai appris en chemin pour nous aider Ă renouer avec la puissance du collectif.
Le livre sortira le 20 mars aux éditions Eyrolles, et tu peux déjà le précommander juste ici.
Pour fĂȘter cette sortie, NoĂ©mie mâa demandĂ© de partager en avant premiĂšre les 3 grands apprentissages que jâai tirĂ©s de ces explorations.
JâespĂšre quâils nourriront tes rĂ©flexions et, qui sait, tâinspireront dans lâanimation de ta propre communautĂ©.
Apprentissage #1 : sans sécurité, pas de communauté
Sâil y a bien une chose que cette exploration mâa apprise, câest que la sĂ©curitĂ© est la pierre angulaire de toute communautĂ©. Sans ce socle, impossible de coopĂ©rer, impossible mĂȘme de vraiment se rencontrer.
Comme lâillustre la cĂ©lĂšbre pyramide de Maslow, qui classe hiĂ©rarchiquement nos besoins, nous ne sommes prĂȘts Ă Ă©tablir des relations que lorsque ce besoin de sĂ©curitĂ© est satisfait. Nous avons besoin de sentir que rien de menaçant ne pourra nous arriver avant de pouvoir pleinement nous connecter aux autres.
Physiologiquement, ça se traduit par un basculement. On passe du mode survie â « Quels dangers dois-je Ă©viter ? » â au mode relation â « Avec qui est-ce que je peux me connecter ? ». Ce changement dâĂ©tat, câest lui qui permet de passer de la mĂ©fiance Ă la confiance, de lâisolement Ă la connexion.
Câest pour ça que la sĂ©curitĂ© doit ĂȘtre au cĆur de ton processus dâaccueil. Câest la premiĂšre attention Ă offrir Ă quelquâun qui rejoint un groupe.
đĄ Le cas pratique - Un bel exemple que jâai pu observer, câest celui du Refuge Solidaire Ă Briançon. Ce lieu, nichĂ© au cĆur des Alpes, est une escale pour des personnes en situation dâexil venant de traverser la frontiĂšre franco-italienne. Des centaines de personnes et des dizaines de cultures se retrouvent avec un seul mot dâordre : accueillir dignement quiconque franchit la porte du refuge.
ConcrĂštement, lorsquâune personne frappe Ă la porte du refuge, bien souvent aprĂšs une longue marche nocturne Ă travers la frontiĂšre, il y a toujours une personne bĂ©nĂ©vole prĂȘte Ă lâaccueillir. Une personne qui prend le temps de lâĂ©couter, de comprendre ses besoins et de lui expliquer les rĂšgles de vie du lieu. Cette attention, Ă la fois simple et essentielle, crĂ©e un cadre rassurant oĂč la personne peut peu Ă peu relĂącher sa vigilance et sâouvrir aux autres.
Câest lĂ toute la puissance de lâaccueil : offrir un espace dâĂ©coute et de clartĂ© qui donne aux nouveaux membres un vrai sentiment de sĂ©curitĂ©. Ce nâest quâune fois ce cap franchi quâune communautĂ© peut espĂ©rer voir naĂźtre des liens sincĂšres et une coopĂ©ration authentique.
Apprentissage #2 : faire vivre de véritables rites initiatiques
Depuis la nuit des temps, les communautĂ©s ont imaginĂ© et façonnĂ© des rites initiatiques pour marquer lâentrĂ©e de leurs nouveaux membres. Ces moments symboliques ne sont pas lĂ juste pour faire joli : ils jouent un rĂŽle clĂ© dans la cohĂ©sion du groupe. Ce sont eux qui relient les JE avec le NOUS, qui font quâun individu ne se sent plus juste « invitĂ© », mais rĂ©ellement partie prenante de la communautĂ©.
Au fil de mes immersions, jâai constatĂ© que beaucoup de communautĂ©s pratiquent â parfois sans mĂȘme en avoir conscience â de vĂ©ritables rites initiatiques. Certains sont puissants et porteurs de sens. Dâautres, plus maladroits ou anecdotiques, manquent leur cible. Alors, comment crĂ©er un rituel qui facilite vraiment lâaccueil et lâintĂ©gration des nouveaux membres ?
Trois ingrĂ©dients mâont marquĂ© :
1. Transmettre un socle commun
Un bon rite initiatique sert dâabord Ă transmettre une culture commune, une base de savoirs, de codes ou de valeurs partagĂ©es. Câest ce qui permet aux nouveaux de mieux comprendre les autres et de se sentir Ă leur place.
đĄ Le cas pratique - Prenons lâexemple de la communautĂ© Vipassana, qui enseigne une des plus anciennes techniques de mĂ©ditation. MĂȘme sâils nâappellent pas ça un « rite initiatique », chaque personne qui rejoint la communautĂ© commence par une retraite silencieuse de 10 jours. 10 jours sans aucun moyen de communication oĂč lâon mĂ©dite de 4h jusquâĂ 22h. Pour lâavoir vĂ©cue, je peux vous dire que cette retraite permet non seulement de transmettre la mĂ©thode de mĂ©ditation, mais aussi et surtout lâesprit et la culture propre Ă Vipassana. Jâen suis ressorti comme un membre Ă part entiĂšre, plus que jamais attachĂ© Ă la communautĂ©.
2. Mettre tout le monde sur un pied dâĂ©galitĂ©
Un bon rite initiatique gomme les statuts, les CV et les Ă©tiquettes quâon porte en arrivant. Il met tous les nouveaux au mĂȘme niveau, peu importe leur origine sociale, leur Ăąge ou leurs compĂ©tences.
đĄ Le cas pratique - Dans les retraites Vipassana, tout le monde dort dans les mĂȘmes conditions, mange la mĂȘme nourriture, suit les mĂȘmes rĂšgles. Cette Ă©galitĂ© de traitement crĂ©e un terrain neutre, oĂč chacun peut se rencontrer pour ce quâil est et non pour ce quâil reprĂ©sente Ă lâextĂ©rieur.
3. Renforcer le sentiment dâappartenance
Plus les personnes investissent dâefforts dans un processus initiatique, plus ils sont susceptibles dâaccorder une grande valeur Ă leur appartenance. Ce phĂ©nomĂšne psychologique est connu sous le nom de «âjustification de lâeffortâ». Et je suis sĂ»r que tu lâas dĂ©jĂ ressenti. Une Ă©cole extrĂȘmement sĂ©lective, une Ă©quipe de sport avec des tests dâentrĂ©e exigeants, un collectif de passionnĂ©s de littĂ©rature qui vous a demandĂ© des heures de lecture avant de pouvoir y accĂ©der. Plus on sâinvestit pour entrer dans un collectif, plus on sây attache une fois que lâon y est intĂ©grĂ©. Nous avons psychologiquement besoin de donner du sens aux sacrifices consentis, surtout lorsque ces efforts ont Ă©tĂ© coĂ»teux ou pĂ©nibles.
Bien rĂ©alisĂ©, tout processus dâonboarding dans une communautĂ© peut devenir un vĂ©ritable rite initiatique qui connecte les JE avec les NOUS.
Apprentissage #3 : raviver des feux de camp
Chaque communautĂ©, quelle que soit son Ă©poque ou sa culture, a son feu de camp. Ce que jâappelle « feu de camp », câest ce lieu â physique ou symbolique â qui rassemble les membres et fait battre le cĆur du collectif.
Les Grecs anciens avaient leurs agoras, les Iroquois leurs longhouses, les religions leurs temples.
Peu importe la forme, ces lieux ont tous le mĂȘme rĂŽle : crĂ©er du lien et nourrir un sentiment dâunitĂ©.
Alors pourquoi, dans un monde oĂč tout nous pousse vers lâasynchrone et oĂč chacun avance Ă son propre rythme, ces rassemblements restent-ils aussi essentiels ?
Câest auprĂšs des Samis, dernier peuple autochtone dâEurope, que jâai trouvĂ© une rĂ©ponse vibrante Ă cette question.
đĄ Le cas pratique - Depuis plus de 12 000 ans, ce peuple nomade perpĂ©tue son art de vivre, intimement liĂ© Ă la pĂȘche et Ă lâĂ©levage de rennes. Sans structure formelle ni gouvernement central, ils ont traversĂ© les siĂšcles et rĂ©sistĂ© Ă dâintenses politiques dâassimilation menĂ©es par les Ătats scandinaves. Aujourdâhui, ils sont entre 70 000 et 100 000, rĂ©partis entre la NorvĂšge, la SuĂšde, la Finlande et la Russie, et beaucoup dâentre eux continuent de dĂ©fendre leurs droits tout en transmettant leur culture aux gĂ©nĂ©rations futures.
Il y a quelques mois, jâai eu la chance dâĂȘtre accueilli par Ellen, dont la famille Ă©lĂšve des rennes depuis des gĂ©nĂ©rations. Pendant plusieurs semaines, jâai partagĂ© leur quotidien, rythmĂ© par lâĂ©levage, la transformation de la viande, la cuisine et la gestion de la vie familiale.
Mais il y avait un moment sacré auquel personne ne dérogeait : le feu de camp.
Chaque soir, sans exception ou presque, voisins et membres de la famille se retrouvaient autour des flammes. LĂ , les conversations prenaient vie : on partageait les nouvelles du jour, les enfants racontaient leurs dĂ©couvertes, les anciens transmettaient les histoires du temps dâavant.
Fasciné par la danse hypnotique du feu, ces instants resteront gravés en moi.
MĂȘme sans comprendre la langue (je ne parle pas sami), jâai saisi, dans ma chair, ce que reprĂ©sente un feu de camp pour une communautĂ©. Bien plus quâun rituel, câest un cĆur battant, essentiel Ă la vitalitĂ© du groupe car il permet de :
1. Créer une conscience collective
En vivant ensemble la mĂȘme expĂ©rience, au mĂȘme endroit, les membres perçoivent les liens invisibles qui les unissent. Ces moments partagĂ©s donnent une forme tangible Ă ce « nous » qui fait communautĂ©.
2. Transmettre un héritage vivant
Ces lieux de rassemblement deviennent naturellement des lieux de transmission. Chez les Samis, il existe mĂȘme un mot pour ça : ĂĄrbediehtu.
Ce terme associe ĂĄrbi (le patrimoine) et diehtu (la connaissance). Il dĂ©signe cet ensemble de savoirs, de pratiques et de valeurs transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Et selon eux, ces savoirs ne peuvent ĂȘtre transmis dans des livres ou des PowerPoint, mais dans la vie quotidienne, et particuliĂšrement autour des feux de camp. La chaleur des flammes crĂ©e la convivialitĂ© nĂ©cessaire pour que les Ă©changes entre les diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations aient lieu.
Et toi, quels sont les feux de camp de ta communauté ?
Aujourdâhui, au travers de diffĂ©rentes missions jâai la chance dâavoir lâopportunitĂ© de recrĂ©er des feux de camp au sein mĂȘme de communautĂ©s et dâentreprises, et Ă chaque fois je mesure Ă quel point ils rĂ©veillent quelque chose de profond, de vital. Nous avons besoin de feux de camp pour faire communautĂ©. Et si je suis persuadĂ© dâune chose, câest que nous pouvons tous raviver la flamme de nos collectifs.
Continuer lâexploration ?
Ces trois apprentissages ne sont quâun aperçu de ce que jâai dĂ©couvert en explorant ces communautĂ©s hors du commun. Si tu as envie dâaller plus loin et de plonger dans les coulisses de ces collectifs inspirants, je tâinvite Ă dĂ©couvrir mon livre Faire Tribu, qui sortira le 20 mars aux Ă©ditions Eyrolles.
Tu y trouveras des rĂ©cits dâimmersion, des clĂ©s concrĂštes pour animer tes propres communautĂ©s et surtout, une invitation Ă rĂ©inventer ensemble lâart de faire collectif.
đ Pour en savoir plus ou le prĂ©commander, câest par ici !
đ Les 10 principes pour faire communautĂ©. Hugo Paul, lâexplorateur des communautĂ©s apprenantes, a rĂ©sumĂ© dans cet article les apprentissages tirĂ©s dâun tour dâEurope de plus dâun an, Ă la rencontre de communautĂ©s de pratique. Des conseils prĂ©cieux et actionnables !
đ Quand les fans prennent le contrĂŽle de la marque. Et si tes plus grands fans devenaient tes stakeholders et prenaient part au dĂ©veloppement de ta marque (et Ă son succĂšs) ? Câest le scĂ©nario quâexplore Rolling Stone, qui analyse comment les communautĂ©s de fans redessinnent lâindustrie de lâentertainment.
đĄ Le Community Manager Responsable : mode dâemploi. Non, tu ne rĂȘves pas - aprĂšs avoir visĂ© lâinfluence responsable, lâAutoritĂ© de rĂ©gulation professionnelle de la publicitĂ© (ARPP) a lancĂ© un certificat pour les professionnels du community management, qui se concentre sur la transparence et le marketing responsable
đ Green-Got x SNCF. Green-Got, la nĂ©obanque reine du marketing communautaire, a encore frappĂ© fort, en annonçant un partenariat avec la SNCF. Tout achat de billet de train fait avec une carte Green-Got pourra dĂ©sormais ĂȘtre remboursĂ© de 1 Ă 2 % sur le montant ! Un partenariat win-win et malin.
đ„€ Ăa chauffe pour Coca. Aux Ătats-Unis et sur les rĂ©seaux sociaux, la communautĂ© latino a lancĂ© un appel au boycott des produits des marques amĂ©ricaines, en rĂ©action aux mesures anti-immigration de Donald Trump. Le boycott mentionne la plupart des marques US iconiques, mais cible tout particuliĂšrement Coca.
Câest tout pour aujourdâhui !
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Voici quelques maniÚres de creuser le sujet des communautés :
Lis mon livre Le pouvoir des communautés (Eyrolles, 2023)
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